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Une pensée en arborescence : est-ce que cela vous parle ?

Il y a quelques années, j’ai entendu parler de la pensée en arborescence et de ses différences avec une pensée plus linéaire. Cela a tout de suite fait écho en moi. Je me suis retrouvée immédiatement dans ce fonctionnement. Puis j’ai observé autour de moi ces différents styles de pensée. J’ai pu repérer cette arborescence chez les personnes avec qui cela « tiltait » vite, avec qui nous étions rapidement sur une même longueur d’onde.

Il n’y a pas de réalité biologique connue et cette distinction est controversée par certains. Pourtant beaucoup de personnes s’y reconnaissent. Et la reconnaissance de ce style de processus psychique et cognitif est en général aidant. Cela permet d’éclairer certaines difficultés, de mieux se comprendre et souvent de s’apaiser.

Qu’est-ce que cette arborescence ?

Penser en arborescence, c’est comme passer et sauter de branches en branches, « à la manière d’un écureuil » comme dit mon fils. C’est, suivre plusieurs itinéraires, plusieurs chemins en parallèle. C’est avoir dans la tête de façon simultanée, plusieurs idées, plusieurs projets. C’est pouvoir passer de l’un à l’autre, comme lire plusieurs livres en même temps. C’est avoir une vue d’ensemble, d’une situation, d’une problématique. Cela amène aussi à changer d’avis facilement, au gré des évènements, des indices repérés dans l’environnement. La vue d’ensemble permet de s’adapter et de se réorganiser rapidement. Un obstacle sur telle branche, hop on va sur celle d’à-coté. Ou une belle chose sur une autre branche, hop on y va pour en profiter. Et tout est OK pour l’arborescence. Avancer sur un chemin, changer, pouvoir y revenir… Cela permet aussi de voir et suivre plusieurs objectifs à la fois, dans une même parole, une même action, une action multi effets parallèles ou successifs. C’est également pouvoir emprunter plusieurs chemins différents pour trouver une solution.

Ce n’est pas un choix de fonctionner ainsi, cela ne s’apprend pas. C’est juste un constat.

Cela peut être à la fois très efficace, très puissant, mais aussi très fatiguant. L’arbre est parfois dense et touffu. Et surtout cela déconcerte les autres, ceux qui n’ont pas ce même type de pensée.

La pensée linéaire

C’est suivre une seule branche, un seul chemin, du début jusqu’à la fin. C’est avancer pas à pas, progressivement. Cela permet d’être organisé, d’être structuré. Cela permet de faire du travail méticuleux, pointilleux, point après point. C’est ainsi être accessible et compréhensible pour tous, C’est ce que la scolarité valorise comme mode de pensée : un point puis un autre et dans le sens attendu. Pas le droit de passer d’une branche à l’autre, ou de sauter des étapes.

Les difficultés de l’arborescence

Il n’est pas toujours facile de se faire comprendre. Cette arborescence donne souvent aux autres une impression de confusion, de désordre, parfois même d’agitation ou d’hyperactivité.

Nous-mêmes pouvons nous sentir à certains moments, encombrés, dispersés, perdus.

Nous pouvons aussi avoir des difficultés à aller jusqu’au bout des chemins et projets entamés.

Ce mode de pensée est source de fréquentes difficultés et dans la scolarité et dans le monde du travail. Il peut être réellement difficile pour d‘autres de nous comprendre, de nous suivre et donc de travailler ensemble. Passer d’un sujet à l’autre, attraper une idée, en suivre une autre, avancer vite, sauter des étapes peut être difficile à supporter et épuisant pour « un linéaire ».

Suivre le cheminement d’un « linéaire », dans ses détails, piaffer intérieurement devant une lenteur, peut donner un sentiment d’étouffer dans un couloir étroit et être épuisant pour un « arborescent ».

Ce sont des dérangements et perturbations réciproques, mais involontaires. Ni les uns ni les autres ne choisissent leurs modes de pensées…

Comment faire

J’ai donc appris à reconnaitre mon style de pensée, à en repérer les inconvénients pour moi et les autres, à faire avec, à en voir aussi les bénéfices et les avantages. Je sais maintenant comment cela fonctionne pour moi. J’apprends à m’organiser avec, à ne pas céder à la dévalorisation quand il y a incompréhension. Alors je vous partage mon processus, quand je travaille pour un écrit ou une formation.

Je m’intéresse d’abord au contenu. Je sors toutes mes idées, en vrac, les note en état brut. Je pose ainsi tout mon bazar, en désordre. Je refais même ce travail plusieurs fois, quasiment à partir de zéro. C’est le moyen pour moi de valider. Déjà enfant et encore maintenant j’utilise plusieurs moyens pour vérifier un calcul, une réponse. SI je trouve deux fois la même solution cela doit être la bonne.

J’ai aussi expérimenté et donc appris qu’il ne valait mieux pas que je montre mon travail dans cet état de brouillon, de chantier en cours (si ce n’est à quelques lecteurs privilégiés arborescents, qui ne se laissent pas arrêter par l’apparence). Une fois le contenu validé, je cherche à organiser, à structurer. C’est un vrai et long travail de mettre mon bazar en « linéaire ». Je m’y reprends à plusieurs reprises pour faire passer toute la matière arborescente par un entonnoir. Ensuite seulement je m’occupe de l’apparence, des détails de présentation. C’est pour moi un emballage qui vient après.

Alors je savoure d’autant plus lorsque l’on me dit que ce que j’écris est clair. C’est une petite victoire personnelle. Je ne me laisse plus être dévalorisée par d’autres dans ma façon de penser et d’écrire. Grâce aux autres bons retours sur mes écrits, j’assume mon style que je reconnais maintenant comme une différence et une force et non comme un défaut ou une faiblesse.

Par contre, je ne peux pas délayer, mettre des détails, cela m’ennuie et ne m’intéresse pas. Et je comprends aussi pourquoi dans certains écrits plus littéraires, mieux rédigés, « plus lents », avec plein de détails et précisions, je me perds.

Depuis que j’ai creusé cette question de l’arborescence, que j’y vois clair dans les différences, il m’est plus facile de travailler avec des « linéaires ». Leur organisation, persévérance et sens du détail sont précieux et complémentaires. Heureusement qu’ils sont là.

A côté, je choisis aussi de travailler avec des personnes « aux même styles de processus de pensée et d’élaboration. C’est alors fluide, riche, facile d’être soi-même. Pas besoin de rester dans un seul couloir, sur une seule branche. Il est possible d’aller et venir, de bondir et rebondir, de changer de sujet. C’est plus confortable et nettement plus amusant.

Ce fonctionnement en arborescence s’accompagne et permet sans doute une pensée plus rapide, une intégration de plus d’éléments en même temps. Il est en général associé à la terminologie de Haut Potentiel. Mais ce terme peut rebuter. Il renvoie trop à un sentiment de supériorité. Il peut aussi être difficile de s’y reconnaître quand la scolarité a été chaotique, voire disqualifiante. Il est rapide de se sentir « bête, pas doué », et particulièrement lorsque sont présentes la rapidité de pensée et la lucidité qui va souvent avec. Le potentiel est rarement reconnu par soi-même.

Alors récemment une amie avec qui je parlais arborescence et haut potentiel, me parlait avec ses mots, de la rapidité de son processus d’intégration. Je propose donc le terme de « personnes à processus d’intégration rapide ».

Qu’en pensez-vous ?

Et vous retrouvez vous dans les spécificités de la pensée arborescente ou linéaire?


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