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Etre parent d’adolescent…

Dernière mise à jour : 29 nov. 2023

Sentir un regard positif sur soi de la part ses parents n’est-il pas une des choses les plus

précieuses ? Ou, dit autrement, sentir la désapprobation, la critique, les reproches, le jugement de ses parents, n’est-ce pas une blessure pouvant être particulièrement vivace et durable ? C’est ce dont témoignent de très nombreux adultes, qui bien souvent souffrent ou/et attendent encore à 30 ans, 50 ans, 70 ans des signes de fierté, d’approbation, d’acceptation, quels que soient leurs choix et zigzags de vie.


Alors, oui être parent est une bien difficile mission, quelque soit l’âge de son enfant.

Au regard des connaissances actuelles sur ce lien parent-enfant, la mission est double (au moins…) : Dès la naissance de son tout-petit, le parent tâtonne pour repérer les besoins de celui-ci, y répondre, savoir le réconforter, le protéger. Il devient base de sécurité matérielle et affective, refuge si l’enfant en a besoin. En même temps il doit apprendre à laisser son enfant explorer, s’éloigner, se séparer, faire ses expériences. En acceptant cette alternance de « je m’éloigne, je me rapproche », à l’initiative de l’enfant, le parent accompagne celui-ci à se construire solide, secure, ayant confiance en lui-même et en les autres, conscient de ses limites et sachant demander de l’aide. Ainsi il peut s’émerveiller de voir son enfant grandir et devenir plus autonome.

Bien sûr le parent d’un tout petit peut choisir des espaces d’exploration suffisamment protégés et adaptés à son âge. Plus l’enfant grandit, plus celui-ci va explorer des espaces plus larges, que le parent ne peut plus toujours lui-même sécuriser.

Alors, être parent d’un plus grand, c’est devoir accepter que nous ne pouvons sécuriser ses espaces de vie, que nous ne pouvons contrôler ses expérimentation, ses explorations, ses choix.


Mais se construire parent, c’est aussi depuis la naissance de son enfant et sans doute jusqu’à la fin de sa vie, se préoccuper, s’inquiéter pour la santé, le bien-être, le développement, l’avenir et le bonheur de son enfant, bien souvent s’en sentir encore en partie responsable. Alors c’est devoir lâcher prise, accepter cette part d’incertitude, cette part de risque.

C’est aussi l'accompagner à respecter les interdits fondamentaux et les règles de nos sociétés, transmettre des valeurs.

Enfin, c’est traverser comme un processus de « deuil de l’enfant idéal » dont nous avions rêvé, c’est accueillir et accepter cet enfant tel qu’il est, dès la naissance et tout au long de sa vie, malgré ses différences et ses choix. Un long processus, bien souvent à refaire tout au long de sa vie.


Alors que cela peut être dur pour un parent de devoir composer avec ses inquiétudes et

l’acceptation des choix de son jeune, de ses expérimentations et prises de risque !

Que cela peut être dur de voir son jeune plus ou moins en « décalage » avec ce que nous voudrions qu’il soit, qu’il fasse, qu’il choisisse, « éloigné » de ce que nous pensons bon pour lui.

Qu’il est difficile que cette inquiétude légitime ne se transforme pas alors en colère contre ce jeune, colère souvent d’autant plus grande que l’inquiétude est grande.

Qu’il peut être difficile de prendre conscience que ces jugements, ces reproches, ces critiques, expressions maladroites de notre colère, risquent d’être contreproductives.


Etre parent d’un jeune, c’est me semble-t-il devoir garder une certaine disponibilité pour lui, continuer à assurer cette base de sécurité, être là lorsqu’il en a besoin et sollicite, comme il le faisait lorsqu’il était petit et cela surtout lorsqu’il est en déséquilibre, chamboulement, perturbation...

Alors c’est savoir que le jeune ne peut solliciter, demander, revenir que s’il sait qu’il ne sera pas jugé et critiqué. De même que le tout petit qui se fait mal a besoin de réconfort et non du « je te l’avais bien dit », je t’avais prévenu… », le jeune peut avoir grand peur de recevoir ce regard ou ces paroles critiques. C’est se rappeler aussi que le petit comme le grand ment et cache, pour ne pas se faire gronder. Plus il a peur, plus il cache, se cache et fuit.


Qu’il peut être dur comme parent encore, d’expérimenter, que cette disponibilité à son enfant est un don, sans retour. L’enfant n’a pas à rendre à son parent ce que celui-ci lui a donné, il n’a pas à se sentir en dette envers celui-ci. Comme l’a écrit Khalil Gibran (1), il redonnera à son tour et à sa façon, ce qu’il a reçu, à ses propres enfants, à d’autres, et le plus souvent à ses parents lorsque vieillissants, ils deviennent dépendants.


Je me permets d’écrire ainsi aujourd’hui, nourrie de tout ce que j’ai appris comme professionnelle de l’enfance, du lien parent-enfant, de l’humain, comme écoutante et accompagnante de nombreux adultes, comme mère qui a malheureusement plus souvent critiqué que félicité, qui aurait sans doute eu besoin que quelqu’un me dise tout ceci.

Heureusement D. Winnicott nous a dit qu’il nous suffisait d’être « suffisamment bon parent », que nous faisons tous au mieux, selon nos propres histoires et réalités de vie.

Et nous savons aussi qu’à tout âge, il est possible de transformer, remodeler tout ce que nous vivons.



(1)

“Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées, Car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes, Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves. Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous. Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier. Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés. L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin. Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ; Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable.”

Khalil Gibran Le prophète











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