Obéir, « rester dans les cadres »
La majorité d’entre nous avons sans doute appris, depuis notre enfance à respecter la science, la recherche et les savoirs scientifiques, et particulièrement dans le domaine de la santé.
Nous avons appris au moins à l’école à respecter les savoirs « académiques », universitaires, « validés ». Nous avons été éduqués et formés (ou… conditionnés et formatés) en tant qu’enfants, élèves, citoyens, parents et professionnels, à croire les docteurs es.., les « savants » , à respecter les recommandations sanitaires, les règlements, les lois. Nous avons appris à obéir à la fois à la parole du médecin en ce qui concerne la santé « le docteur a dit », et aux règles pour le bien commun, le vivre ensemble.
Les professionnels de la santé et du soin (et les professionnels au service du public) sont soumis à ce devoir d’obéissance, à l’obligation de respecter les discours officiels, légitimes ou légitimés par la communauté scientifique, par les experts reconnus. Ils doivent appuyer leurs pratiques sur ces connaissances légitimées, validées et non sur leur seule expérimentations personnelles… Ils ont interdiction même d’exprimer un avis divergent. Les recommandations à appliquer peuvent évoluer; les professionnels doivent alors faire évoluer leurs pratiques en fonction, quoi qu’ils en pensent.
De ma place de formatrice, je participe à les transmettre, à les diffuser, je suis aussi dans cette logique d’obéissance. Je m’appuie sur les recherches scientifiques lorsque j’accompagne les professionnels à faire évoluer leurs pratiques. Je les accompagne dans leur posture professionnelle, au-delà de leurs convictions personnelles. Les connaissances sont une base, un appui pour faire évoluer les «représentations » spontanées et subjectives de chacun. Même si je suis particulièrement attentive à développer chez chacun une autonomie de pensée et de choix d’action, j’utilise néanmoins des arguments scientifiques. (Bon de moins en moins, tellement cette phrase « les recherches ont montré » est aujourd’hui utilisée comme une phrase magique, un sésame, (quelqu’en soit le soubassement).
Il est aussi essentiel que chacun puisse avoir un regard critique devant les « fake news », ces nouvelles « toxiques » inventées de toutes pièces, pour tromper, « ces informations mensongères délivrées dans le but de manipuler ou tromper un auditoire » (définition wikipédia).
Désobéir « sortir des cadres »
Mais j’ai aussi appris que la vraie rigueur scientifique, c’est la capacité à remettre en question, des savoirs établis, à laisser ouvert la possibilité de nouvelles découvertes, de nouvelles hypothèses et recherches… Cette rigueur scientifique devrait être une souplesse d’esprit et de pensée et non une rigidité sur des savoirs figés. Alors de façon générale :
- J’ai appris à faire confiance aux connaissances reconnues, validées par les « communautés de sachants »
- J’ai appris que ce ne sont toujours que des hypothèses, qui ont fait leur preuve,
- J’ai appris que nos connaissances même scientifiques ne sont toujours que de simples ou complexes représentations d’une réalité elle-même si complexe.
- J’ai aussi appris que l’évolution de nos connaissances se fait par des nouveautés, apportées par une minorité, d’abord considérées comme fausses et non légitimes, tellement elles peuvent être des remises en cause des savoirs établis…( Copernic, « la terre est ronde », la physique quantique…)
- J’ai appris que la science avance par des recherches, à ensuite valider et re- valider ou in valider
- J’ai toujours en tête « Ce n’est pas parce que ce n’est pas prouvé, que c’est faux »
C’est une réelle recherche d’équilibre acrobatique et passionnant entre « prendre les connaissances comme de certitudes pour agir et pouvoir toujours en douter et les remettre en question » !
Par ailleurs, d’un point de vue personnel, et depuis longtemps, j’ai expérimenté, dans des champs de connaissances non encore validées «
par la communauté scientifique», particulièrement dans le domaine de la santé. J’ai expérimenté parfois par besoin, ou par hasard, ou encore par curiosité, dans un esprit d’ouverture, d’observation et de prudence, sans croire en rien.
J’ai par exemple croisé l’homéopathie après que plusieurs médecins m’aient dit « je suis désolé, je ne peux rien pour vous ». L’homéopathie a su me soigner, sans rechute et à long terme. La médecine chinoise et d’autres médecines dites « alternatives » me permettent de me soigner.
J’observe, je constate, je ressens ce qui est juste pour moi, même si je n’ai pas les connaissances nécessaires pour en comprendre les mécanismes. Je peux ensuite faire mes choix, selon mes convictions. « Ce n’est pas parce que l’on ne sait pas expliquer comment cela marche, que cela doit être considéré comme du charlatanisme »…
J’ai donc progressivement construit mes convictions, j’ai fait des choix pour moi. Cela m’appartient, il s’agit de ma santé, cela me concerne et d’habitude je le garde pour moi. J’ai toujours eu un esprit critique, prudent, face à certains discours des professionnels du soin, comme de tout accompagnant. Mais le risque est alors réel de ne plus faire confiance à personne, de tout remettre en cause, de tout rejeter…
J’ai pu chercher par moi-même et je pense avoir su garder mon libre arbitre. Cela demande du temps, un minimum de connaissances, de recherches, de lecture. Mais chacun ne peut devenir expert. Nous ne pouvons pas tout expérimenter par nous-même et faire nous-mêmes toutes les recherches. Est-il possible de se baser simplement sur ses propres ressentis, au-delà de passer des heures et des années pour se former (et encore) ?
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A quoi se fier, que croire ? qui croire ? sur quoi ?
Mais aujourd’hui comment y voir clair dans ce dédale, entre science, fake news, « charlatanisme », vraie révolution, sagesse ancienne, nouveau paradigme ?
Où sont les fake news ? Où est le vrai esprit de recherche scientifique ? Quelle attitude avoir ? Quelle transmission à nos enfants, à nos jeunes ?
Il me semble qu’il y a autant de dangers dans « les fake news volontairement toxiques, dans certains charlatanismes… même bien intentionnés », mais aussi dans les recommandations aujourd’hui « officielles » !
Comment être à la fois prudent et confiant ?
Comment se fier à ses propres perceptions et ressentis ? Cela demande, il me semble (ou d’expérience) un long chemin d’apprentissage et de travail sur soi .
Et tout particulièrement aujourd’hui, comment trouver un juste équilibre, comment naviguer entre respect des consignes et libre arbitre ?
Comment se protéger et protéger nos enfants face aux discours de conditionnements et de culpabilisation qui s’insinuent un peu partout. Comment accompagner à faire confiance, mais pas une totale confiance ? Comment apprendre à discriminer ?
Comment déterminer ce qui serait le plus juste, le plus vrai dans ce domaine si particulier qu’est la santé?
Nous sommes obligés de faire confiance à des sachants ! A des sachants reconnus tels par d’autres ?
Et revient la question : Sur quel fondement quelqu’un est-il reconnu comme « sachant et expert » ?
- La communauté scientifique : laquelle ?
- Celui qui écrit le plus, parle le mieux, aux bons endroits, le plus fort ?
- Celui qui a le plus d’argent derrière lui ?
- Celui qui a une reconnaissance par ses pairs ? Par ses diplômes ou ses formations ? La taille de son public, de son audience ? Ses résultats ? Validés comment et par qui ?
Le nombre de ses publications, de fois où il est cité par d’autres (mais on connaît les biais des citations mutuelles) ?
- Les chiffres ? On peut tout leur faire dire ; ils sont particulièrement subjectifs bien que toujours présentés comme irréfutables.
Toutes ces reconnaissances sont sujettes aux doutes : Quel expert a le droit de reconnaître l’autre comme expert ?
Et donc quelle place aux pensées divergentes, aux courants minoritaires, aux découvertes qui remettent en cause ce qui était considéré comme acquis ? Aux nouvelles connaissances, aux recherches, aux innovations ? Aux médecines alternatives (qui restent alternatives, comme les courants d’école nouvelle, qui restent à l’état de « nouvelle » depuis si longtemps…)
Choisir pour moi, cela me paraît possible.
Je sais ce que je sens juste, ce qui me convient. Je choisis de construire ma santé, de l’intérieur, dans un esprit de prévention. Je me sens responsable de ma propre santé. Je peux m’amuser dans mon esprit d’ouverture et d’aventure. Je peux faire mes choix, aller dans le sens de mes convictions, rejoindre des communautés, des réseaux, qui vont dans le sens du vivant pris dans sa globalité et ses différentes dimensions. Qui se battent pour ce vivant, pour sa liberté, au delà des prétendus progrès technologiques, sanitaires…
Mais lorsque cela concerne les autres : qu’en est-il ? Qu’est ce que je transmets ?
J’ai l’impression d’avoir parfois une posture « à géométrie variable » vis-à-vis des connaissances scientifiques. Elle varie selon mes besoins. Je m’appuie dessus quand cela m’arrange, je suis prête à
les remettre en cause à d’autres moments. Selon ce qui me paraît légitime, ce que je sens, selon ma subjectivité… Je suis moi-même reconnue « sachante » par mes pairs, par des « professionnels en formation ».
M’avez-vous suivi dans mes cheminements, dans mes fils et logiques de pensées ? Entre obéissance et responsabilité ? Quelles réactions cela suscite en vous ?
Pour finir, je raconte ici un exemple. Les protocoles actuels en petite enfance recommandent depuis mars… d’utiliser pour le nettoyage des surfaces et jeux, eau de javel et détergents, très régulièrement au cours de la journée. Ceux-ci étaient auparavant strictement interdits car hautement toxiques !
Alors notre devoir d’obéissance s’arrêterait-il « lorsque la vie est mise en danger » ?
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