Après mon précédent article concernant « le développement personnel », j’aborde ici la question du développement spirituel, qui en est bien souvent un prolongement.
Ø Mon constat : les évolutions actuelles du travail sur soi
Le développement personnel a pris son essor souvent en dehors des courants de pensée de la psychologie classique. Il a apporté la richesse de nouvelles approches de l’humain et du vivant, ou plutôt d’anciennes approches redécouvertes. Et ces diverses explorations, qui peuvent paraitre aux yeux de certains des « défrichages hors sentiers balisés» sont de plus en plus répandues et reconnues.
Parmi ces multiples approches :
- des pratiques corporelles directement issues des sports martiaux orientaux et de la médecine chinoise : tai chi chuan, Gi gong, do in, shiatsu…
- des pratiques de méditation, de pleine conscience, de sophrologie, qui utilisent des techniques de relaxation connues depuis longtemps
- des pratiques de voyages dans des états modifiés de conscience, en lien avec les processus hypnotiques
- des méthodes comme la kinésiologie, l’EFT, l’EMDR qui s’appuient sur différentes connaissances de médecine chinoise, d’énergétique et des processus cérébraux.
- des pratiques autour des «mémoires cellulaires », d’énergétique, de magnétisme….
Ces pratiques reposent sur une conception globale de l’humain qui va bien délà de l’aspect seulement mécanique, musculaire, osseux ou neuronal. Travailler dans cet esprit, c’est regarder plus loin, plus large,plus profond que le corps physique. Cela amène à élargir nos représentations de l’espace, du temps, des modes d’interconnexions, d’interrelations et de communications.
Ainsi comme psychomotricienne, j’avais appris à travailler sur l’axe corporel, la verticalité et la conscience d’un fil entre le plafond et le sol… Aujourd’hui mes perceptions et ma conscience s’élargissent sur l’axe ciel-terre. J’ai aussi appris à travailler lors des relaxations, sur l’attention à ses propres sensations corporelles, comme un voyage dans tout son corps. J’ai progressivement élargi ces perceptions à l’espace proche, puis plus lointain. Aujourd’hui, ce travail (pour moi comme pour ceux que j’accompagne) s’élargit régulièrement à des ressentis d’immensité, à une conscience de l’espace, du monde, de l’univers infini… La relaxation amène à une modification des perceptions des limites de son corps et modifications de conscience.
Ø En dehors du « mental et du rationnel »
Toutes ces approches ont un point commun : elles agissent en dehors du mental et du rationnel, ou plutôt en deçà ou au-delà, en profondeur et malgré ce mental. Elles travaillent, par et dans le corps, avec le cerveau émotionnel, en dehors du langage et de la pensée. Elles prennent en compte les multiples influences que nous recevons et peuvent modifier les traces des vécus passés.
Ce travail en profondeur sur soi, en soi, permet et incite à ouvrir au plus grand.
L’entrée dans les profondeurs du corporel, du sensoriel, de l’émotionnel, cette entrée en soi s’accompagne bien souvent d’une ouverture vers plus grand que soi, vers le mystère du vivant, vers d’autres champs. Une ouverture vers la spiritualité.
Travailler sur notre corps, sur l’infiniment petit de nos cellules, amène à l’infiniment grand, à l’univers infini, à d’autres mondes.
Travailler sur nos histoires personnelles amène à percevoir et reconnaître l’effet des histoires familiales, transgénérationnelles, des inconscients collectifs et des mémoires de l’humanité, jusqu’à un temps sans limites.
Ø La spiritualité : une ouverture
Ce travail personnel ouvre donc fréquemment à une conscience ou recherche plus large, et donne toute sa place aux notions de spiritualité. C’est une question abordée de plus en plus fréquemment, de plus en plus ouvertement, dans notre société. C’est une perception, une écoute, une recherche de plus en plus partagée et manifestée.
C’est comme
une autre conscience et compréhension du vivant
une écoute de ses intuitions et perceptions…
une autre acceptation des réalités
une ouverture à d’autres possibles
une conscience d’influences non directement tangibles ni prouvables
une libération intérieure, une autre force, une autre énergie
C’est reconnaitre que la vie est Mystère,
que le vivant est plus
que ce que l’on voit, touche, perçoit, imagine
qu’il est plus grand que soi, que ce que l’on sait et comprend avec son mental et sa raison
qu’il y a un infini qui dépasse l’humain
quelque chose d’intangible, improuvable avec nos schémas de pensée actuels
que l’homme est un tout petit élément dans l’univers du vivant
qu’il n’est pas le centre de cet univers
qu’il existe des tas de connexions possibles au sein de cet univers,
qu’il existe d’infinis mode des communication et de perception, plus ou moins explicables aujourd’hui par les sciences et la technologie.
Alors je trouve toujours intéressant de constater la place que ces recherches et quêtes spirituelles prennent, souvent en remplacement de la place occupée jusqu’à présent par les religions.
Je m’amuse d’entendre les mêmes vocabulaires, de constater les mêmes modes de pensées dans le développement spirituel et dans les pratiques religieuses : c’est la volonté de dieu,… accepter ce qui se passe, ce qui nous est donné à vivre, demander, prier individuellement et collectivement…..
Les mots employés, qui résonnent et font vibrer chacun de nous sont divers : amour, paix, lumière, flux d’énergie, dieu, univers, saints, guides, ange gardien, animal totem …
Comme quoi, les humains se ressemblent au travers des âges et des époques, ils sont proches dans leurs chemins de vie, dans leurs recherches et questionnements, dans leurs pratiques.Comme quoi, l’humanité a sans doute depuis toujours ces perceptions, ces curiosités, ces intuitions et ces messages reçus et incarnés par certains, et qui sont à la base des religions. Comme quoi l’individu porte en lui tout un monde et tant de mondes.
Ø Ouvertures et fermetures
Les humains sont aussi semblables entre eux dans leurs mouvements de fermeture, de rigidité, d’éloignement des sens premiers. L’humain ajoute rapidement des règles, des institutions, des rigidités, des principes d’obéissance, des jeux de pouvoir dans ses explorations et connaissances. Il me semble que cela se retrouve autant dans les pratiques religieuses que dans certaines pratiques des mouvements «spirituels».
La science elle-même passe par ces mouvements entre « ouverture au nouveau, aux recherches et découvertes, et « fermeture sur l’ancien, le prouvé, le connu et reconnu ». Il me semble que les aléas et controverses autour de la physique et médecine quantiques, leurs apports et leurs applications en sont des exemples.
Ainsi les arguments scientifiques peuvent amener autant d’ouverture, de souplesse dans les points de vue que de fermeture, de rejets, critiques, oppositions.
Ø Un cheminement pour chacun
Alors il me semble que chacun de nous chemine à sa façon dans cette immensité et complexité, entre certitude, conviction et doute, entre expérience, savoirs, perceptions et transmissions…
Dans mon cheminement personnel fait de curiosités, de découvertes et d’expérimentations, j’aime rejoindre et garder l’humilité de l’humain qui peut questionner, imaginer, percevoir, penser l’immensité du cosmos et du vivant, peut-être de la même façon que le foetus peut percevoir plus ou moins clairement l’existence de mondes autours de lui, à l’extérieur de son espace de vie physiquement limité du moment…
Monique Busquet aout 2020
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