
Le terme de « développement personnel » a pris une place considérable dans notre société. De nombreux livres, articles, posts, émissions incitent à « travailler sur soi » pour se connaître en profondeur, se développer comme une personne unique, construire sa vie et s’y sentir bien.
Le développement personnel se situe du coté du mieux-vivre et des possibles à construire. Il concerne donc chacun d’entre nous. Il a pris son essor en dehors des courants de pensée de psychologie classique.
õ Pourquoi une telle place et évolution ?
Sans doute parce que le besoin était vraiment grand. Sans doute parce que la personne, l’individu avait été trop longtemps été mis de côté, dans nos sociétés occidentales.
En effet, dans nos éducations classiques, l’enfant était au service de sa famille. De même la femme était au service de l’homme et l’employé était au service du patron et de son entreprise.
Chacun était d’abord au service de la transmission de patrimoine, de la lignée et culture familiale, de sa réputation…. Il y avait peu de place à la trajectoire personnelle, à la notion de plaisir ou de désir propre.
L’enfant recevait une éducation autoritaire, constituée en grande partie de
~ reproches, critiques, dévalorisations, culpabilisation des erreurs (devenant des fautes),
~ comparaisons, compétitions, classements de valeur,
~ peurs du regard des autres et de leurs jugements,
~ conformité aux modèles majoritaires,
~ devoir d’obéissance à l’adulte qui savait ce qui était bon pour l’enfant.
Tout ceci est fortement intériorisé par l’enfant et reste actif dans sa vie d’adulte.
õ Les apports du développement personnel
Le développement personnel a comme objectif de sortir de ces modes de pensée, de se libérer de ces freins : pouvoir sortir ses ailes, les déployer, choisir la direction et le style de ses vols et envols.
Chacun a à y gagner.
C’est aussi une question de santé et de prévention. De nombreuses recherches actuelles le confirment. Prendre soin de soi, oser être soi, dans sa propre couleur, participe à faire baisser son stress et ses effets toxiques.
Voici quelques points, quelques pistes de ce travail sur soi .
Ø Développer son attention à soi-même, ses sensibilités, ses perceptions
~ être attentif à ses sensations, ses ressentis, ses émotions,
~ écouter son corps, percevoir ce qu’il nous dit
~ pouvoir le décoder, y trouver le sens
Ø S’accepter soi-même et ce que nous vivons
~ nous ne somme pas responsables de ce que nous sommes…
~ nous avons notre histoire, notre passé, nos spécificités
~ nous pouvons travailler à les accueillir, accepter nos particularités avec bienveillance
~ nous pouvons lâcher prise sur ce que nous pensons devoir être et faire
Ø Prendre soin de soi, travailler à son bien-être
~ écouter ses propres besoins et trouver comment les satisfaire
~ savoir et oser se protéger
~ savoir dire oui, dire non
Ø Utiliser ses capacités, son potentiel, ses possibles
~ développer ses talents, ses couleurs, ses spécificités
~ modifier ses trajectoires personnelles ou professionnelles
~ continuer à apprendre : des savoirs variés, des savoir être, de nouveaux savoir faire
Ø Développer sa solidité, sa stabilité, ses ancrages
~ sa puissance d’action
~ sa liberté intérieure
~ sa créativité
~ son inspiration, son intuition
~ sa joie
õ Critiques et risques de dérive
Le développement de la personne est fréquemment assimilé à de l’individualisme, de l’égocentrisme, de l’égoïsme. Il viendrait faire oublier la conscience des enjeux sociétaux, économiques, politiques, et détourner des engagements nécessaires. Sans doute, les risques sont là.
Dans tout mouvement de balancier, il peut y avoir des exagérations, des excès. Dans toute bonne chose, se trouvent des risques de réductions, de simplifications, de déformations.
Par exemple, on peut souligner les risques de déplacement et reproduction de schémas classiques de prise de pouvoir et de dépendance :
Ø Le risque est toujours là de recréer des nouvelles relations de pouvoir, voire d’emprise entre certains professionnels et la « personne en développement ».
Ø Le risque est aussi grand de vouloir se mettre dans une position de sauveur ou de croire savoir pour l’autre ce qui serait bon pour lui.
Ø Ces mêmes risques existent également dans les mises en place de méthodes qu’il faudrait appliquer telles quelles. Etre au service d’une méthode, voire de son inventeur, c’est aussi entrer dans un système de pouvoir, d’obéissance, voire de soumission. C’est alors le risque de ne plus pouvoir être soi-même et créatif dans ses modes d’être et de faire.
Ce sont, me semble-t-il, de réels risques de dérives et de contre sens au développement et à la liberté de chacun. Il s’agit de déplacements d’obéissance, des remplacements du commandement du chef et ce sont donc des obstacles au respect de soi et de l’autre.
Il n’y a pas de raison de donner ainsi à d’autres du pouvoir sur soi.
õ Prendre soin de soi, utile au développement de tous
Au contraire de ces risques d’égoïsme et d’individualisme, le développement de chaque personne est une base, un chemin dans la construction d’un monde ou d’une humanité juste. Les valeurs de solidarité, d’altruisme, d’empathie, d’entraide, de coopération (sans les notions qui y ont trop souvent associées, de sacrifice, charité, assistance…) sont réellement présentes dans les approches de développement personnel, en tout cas celles auxquelles j’adhère et participe.
Je pense fondamentalement que respecter l’autre passe par la connaissance et le travail sur soi.
~ développer sa conscience et connaissance de soi
~ connaître ses forces, ses failles, ses blessures, ses cicatrices
~ savoir se respecter soi et ses limites : les limites de ses territoires psychique et physique, de ses besoins, de ses possibles
~ écouter et développer ce qui est juste pour soi
~ être dans une dynamique de centrage et d’ancrage
Ce travail personnel est bénéfique pour les autres, pour le collectif. Il permet
~ d’éviter d’envoyer et projeter sur les autres nos parts de fragilités, nos manques, nos souffrances et blessures.
~ d’éviter d’entrer dans des relations de dépendance, d’emprise, de soumission.
~ d’être en lien avec les autres, de communiquer d’adulte à adulte, dans un profond respect
~ de construire des relations équilibrées, dans la coopération.
Il permet aussi de comprendre les différences comme des complémentarités. En effet, de même que la nature a besoin de toutes les espèces, de toutes les plantes, de tous les paysages, l’uniformité et la conformité sont plutôt destructrices.
L’humanité, l’ensemble des humains, l’ensemble du vivant a tout à gagner au développement de chacun. Que chacun se porte suffisamment bien. Que chacun puisse prendre soin de lui et de l’autre.
Que chacun puisse cultiver ce qu’il est au plus profond, sa couleur, sa vitalité.
Construire sa sécurité intérieure, sa sérénité,
C’est pouvoir agir pour sa santé
C’est « rayonner « sa joie, sa paix, sa vitalité
C’est œuvrer pour des relations de qualité harmonieuses et constructives.
Cela permet à chacun d’apporter sa pierre à l’édifice, au service du vivant.
Etre ou faire en la paix à l’intérieur de soi, permet de faire la paix à l’extérieur.
Ce n’est pas moi ou les autres. C’est moi et les autres.
Ce n’est pas moi tout seul. C’est moi, élément d’un tout, relié aux autres.
Monique Busquet aout 2020
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